Entretien avec Guillaume Spach, graphiste
Guillaume Spach fait partie de l’agence Babel Gomme où il intervient comme graphiste.
Bonjour Guillaume ! Tu vas nous parler de ton travail sur les webtoons, mais pour commencer, peux-tu nous raconter quel a été ton parcours avant d’arriver chez Babel Gomme ?
Guillaume Spach : J’ai fait des études en Direction Artistique donc j’ai validé mon Master en communication visuelle + DA. J’étais en alternance sur mes deux dernières années d’études dans l’hôtellerie de luxe, ou j’étais responsable graphique. Puis j’ai enchaîné sur de la freelance pendant la période du covid, sur de la com, création de logo, pub, pochette d’album, maquette UI, etc. Puis post covid j’ai travaillé dans la photographie, retouche photo, création de profil couleur et entretien de machine à impression laser RGB.
Comment as-tu mis un pied dans les métiers du webtoon ?
Guillaume Spach : J’ai été démarché par Babel Gomme qui a vu mon profil en ligne sur Pôle emploi ou Linkedin ou j’était libre a toute proposition, vu qu’a l’époque j’enchaine CDI puis freelance à la maison le weekend et le soir. J’ai commencé par des tests qui ont été concluant avant de travailler sur Autrice de ma destinée, qui a créé un vrai partenariat entre Babel Gomme et moi avant de discuter d’un emploi au sein de leur équipe.
Que fais-tu exactement dans l’équipe ?
Guillaume Spach : Je suis graphiste principalement mais j’essaie d’être plus que ça, au maximum, pour la prospérité de Babel Gomme, donc on se déplace sur les événements pour essayer de se faire connaître et faire valoir la qualité de nos services auprès des maisons d’éditions (rencontres webtoon, festival de la BD, etc.).
Peux-tu décrire une journée type pour toi ?
Guillaume Spach : Je commence ma journée en m’occupant de mes enfants, puis je consulte mes mails et j’avance sur les tâches assignées par Caroline selon notre planning. J’essaie toujours de prendre de l’avance pour me former à de nouveaux domaines, comme le web, afin de contribuer au développement futur de Babel Gomme.
Avec quels outils ou logiciels travailles-tu ?
Guillaume Spach : J’utilise le grand trio de la suite Adobe pour l’édition ! Photoshop, Illustrator, Indesign, puis j’utilise aussi Clip Studio Paint pour certaine tâches plus orientées vers l’illustration, et aussi je fais du développement d’action et de scripts avec Chat GPT pour optimiser mon travail.
Travailles-tu plutôt en solo ou en binôme ?
Guillaume Spach : J’ai la chance de pouvoir travailler en binôme même en étant en télétravail, je partage la plupart de toute mes tâches et progression avec Savane Graph’Line qui est un excellent lettreur, une bible du webtoon et un ami depuis que j’ai rejoint Babel Gomme.
Quelles différences vois-tu entre l’adaptation d’un manga, d’un manhwa ou d’un webtoon ?
Guillaume Spach : En parlant de graphisme bien souvent le nettoyage est plus compliqué sur du manga car il y a une culture de l’onomatopée qui fait partie intégrante des planches dessinés. Je trouve que c’est moins le cas sur le webtoon. Et puis les fichiers reçus sont bien souvent calqués sur le webtoon et pas sur le manga donc plus facilement utilisables vu qu’il s’agit d’un format web.
Qu’est-ce qui complique le plus la « webtoonisation » d’un titre ?
Guillaume Spach : Pour la webtoonisation, je dirais la découpe, et la mise en valeur qui est bien différente du webtoon, donc il faut souvent étendre le fond et compter sur la qualité des fichiers originaux pour avoir un rendu satisfaisant. Mais je trouve ça plus facile comme tâche que la printoonisation.
Car pour la printoonisation les espaces et les dessins d’origines augmentent vraiment la complexité. La liberté du webtoon sur le format vertical amène à ce qu’il y ait souvent les bulles débordantes des cases, ce qui n’est pas courant dans le format de lecture BD, donc c’est souvent problématique. Puis les cases bien longues et bien verticales complexifient aussi le montage d’une page, il y a beaucoup de cases de tailles diverses dans un même épisode de webtoon, et ça rend la tâche compliquée, mais c’est aussi ce qui fait toute l’importance d’une case qu’on va essayer de mettre en valeur.
Puis bien souvent il faut compter sur une très bonne qualité des planches webtoon pour pouvoir l’exploiter correctement sur papier !
Comment se passe la collaboration avec les autres membres de l’équipe ?
Guillaume Spach : Excellente ! C’est d’une simplicité folle de communiquer avec Caroline Chevalier, elle est avenante et très humaine, et gère sa position à merveille malgré toute les tâches qui lui sont imposées. Avec Savane Graph’Line on partage une passion commune en plus d’une très bonne entente ! Et les communications sont claires avec les traducteurs même en plein décalage horaire donc je n’ai vraiment pas à me plaindre ! C’est important d’avoir une super entente et une très bonne collaboration lorsqu’on travaille tous de chez soi et Babel Gomme le gère exactement comme il le faut.
Y a-t-il a un projet sur lequel tu as particulièrement aimé travailler ?
Guillaume Spach : Autrice de ma destinée ! C’est ce qui a, je pense, été décisionnel au début de mon aventure avec Babel Gomme, et c’est vraiment ma tâche graphique préférée : la printoonisation !

Comment vois-tu l’évolution du marché du webtoon en France ?
Guillaume Spach : Prospère, je pense que les axes commerciaux coréens sont stables et qu’ils ont des stratégie marketing très correct,
Ils essaient de rallier les fans de manga à la cause en faisant des adaptation animées par ce que le marché de l’animation est trending,
Il y a des années de ça, les fans de manga étaient moqués pour leur passion et maintenant c’est à la mode d’avoir du merch de nos animés préféré. Ils profitent de l’essor des plateformes de streaming comme Netflix et Crunchyroll pour développer un engouement autour du webtoon, et ça marche par le biais du bouche à oreille aussi : « t’as regardé Solo Leveling ? Le webtoon est encore mieux ! »
Je pense qu’entre l’adaptation animée et la printoonisation qui ramène le lectorat français, par ce qu’on est très « papier » en france, à terme le webtoon deviendra un marché qui aura de moins en moins d’indices financiers inconnus.
Quelles qualités trouves-tu indispensables pour ton métier ?
Guillaume Spach : Connaître les logiciels sans aucun doute et avoir un sens artistique, je pense que c’est indispensable de connaître le monde de la BD, du manga et du webtoon, et de faire un peu de storyboarding sur son temps libre pour parfaire ses compétences, et de faire le minimum de fautes d’orthographe !
Quelle est l’œuvre (manga, webtoon, autre) qui a eu le plus d’impact dans ton parcours ?
Guillaume Spach : Pour ne pas re-citer Autrice de ma destinée, je dirais Le garde républicain ! La webtoonisation d’une BD d’un héro français style comics, ça sort des clous, et il faut savoir le mettre en valeur ! Puis pour avoir rencontré l’auteur de l’œuvre, Thierry Mornet, on a encore plus envie de rendre ça ouf quand on travaille sur le chouchou d’un passionné comme lui !
Ça a commencé par des planches de test, puis ça a été publié sur Canvas, puis ça sort sur la plateforme Webtoon Originals pour la fête nationale. c’est une réelle fierté !
Si tu devais expliquer ton métier à quelqu’un qui n’y connaît rien, que dirais-tu ?
Guillaume Spach : Je dirais qu’on est les petites mains de l’ombre qui rendent possible la lecture de leurs œuvres préférées. Sans nous, il faudrait apprendre le japonais ou le coréen pour en profiter, haha !
Eh bien, merci Guillaume, de rendre cette lecture possible au plus grand nombre, et à bientôt dans les cases de nombreux webtoons publiés sur les plateformes en France !