Mangas

En règle générale, le terme « manga » fait référence à une bande dessinée d’origine japonaise. Il vient des mots japonais « man » (« dérisoire ») et « ga » (« image »). On peut également employer ce terme pour désigner une bande dessinée non japonaise qui adopte les codes visuels et le style graphique du manga. Le « mangaka » est le terme employé pour désigner un auteur de mangas.

Les caractéristiques du manga sont nombreuses et en font un support de lecture très différent des bandes dessinées « classiques » ou des romans graphiques. En japonais, on lit de la gauche vers la droite, et ce sens de lecture est souvent conservé dans les éditions traduites de mangas. Le dessin, presque toujours en noir et blanc tramé, repose beaucoup sur le mouvement ; les planches d’un manga présentent souvent des cases semblables à des plans de cinéma. Il arrive que les personnages soient représentés avec de grands yeux pour accentuer leur état physique ou psychique, et certaines de leurs expressions sont parfois dessinées de manière disproportionnée ou selon des codes graphiques bien précis (comme les yeux en croix pour signifier une perte de connaissance, par exemple). Leur apparence est parfois calquée sur des traits physiques plus occidentaux que japonais, et ce même s’ils sont censées être originaires du Japon.

Tokyo ESP volume 12 (VO) : une série de mangas publiée en France chez Panini Manga.
L’agence Babel Gomme intervient sur le lettrage du manga Tokyo ESP volume 11 (à paraître chez Panini).

En termes de décor, les planches de mangas peuvent parfois être très pauvres en matière d’arrière-plan (ne mettant quelque fois en scène qu’un simple fond blanc). Les dialogues sont souvent ponctués d’onomatopées diverses et variées (très nombreuses dans la langue japonaise) et peuvent exprimer des mouvements, des gestes ou des réflexions de la part des personnages. Le manque ou l’absence totale de transition entre registres littéraires (passage d’une situation dramatique à une situation comique, par exemple) est également un trait que l’on retrouve souvent dans les mangas.

Des tomes de mangas par dizaines

Un seul volume (ou tankōbon) de manga contient souvent cent ou deux cent pages (voire davantage), et il existe de nombreux mangas dont l’histoire s’étale sur plusieurs volumes (certains atteignent ou dépassent les cent tomes). Les mangas sont presque toujours d’abord pré-publiés dans des magazines spécialisés, sous forme de chapitres, avant d’être édités en volumes reliés (en cas de succès). Au Japon, ces magazines de prépublications ne sont pas considérés comme ayant de la valeur et sont la plupart du temps abandonnés un peu partout dans les lieux publics. Ainsi, plusieurs personnes peuvent lire le même exemplaire.

Selon la popularité que rencontre leurs œuvres, les mangakas peuvent être amenés par leurs éditeurs à prolonger (ou au contraire à écourter) leurs histoires. Toujours en fonction du succès qu’ils rencontrent, les mangas peuvent d’ailleurs donner lieu à de nombreux produits dérivés. Les séries populaires sont souvent adaptées en anime (terme employé pour désigner un dessin animé d’origine japonaise – ou parfois un dessin animé non japonais qui adopte les codes de l’anime), et parfois même en jeux vidéo. On rencontre aussi l’inverse, soit des anime adaptés en mangas. Certaines œuvres ont aussi droit à leurs figurines, cahiers, calendriers, cartes, accessoires et autres produits dérivés.

Du kodomo au seijin : les mangas de 7 à 77 ans

On classifie les mangas selon plusieurs critères. D’abord le public visé : « kodomo » s’il s’agit d’œuvres pour enfants, « shōnen » s’il s’agit d’œuvres pour jeunes garçons, « shōjo » s’il s’agit d’œuvres pour jeunes filles, « seinen » s’il s’agit d’œuvres pour garçons de seize ans ou plus, « josei » s’il s’agit d’œuvres pour filles de seize ans ou plus, et enfin « seijin » pour désigner les œuvres destinées aux adultes. Ce système de classement n’est qu’indicatif, et beaucoup de lecteurs de mangas ne correspondent pas au public initialement visé. En France, la perception des stéréotypes sur le sexe et le genre n’étant pas la même qu’au Japon, certaines maisons d’édition préfèrent ignorer la classification japonaise.

Les mangas se classifient aussi par genre ; ceux-ci sont les mêmes que ceux trouvés en littérature (science-fiction, heroic fantasy, horreur, romance…), bien qu’il existe quelques genres propres au manga, comme le mecha (centré sur des combats de robots géants) ou le nekketsu (sous-genre du shōnen). Parfois, on trouve aussi des classifications selon la prépublication du manga : les one-shots, par exemple, sont des œuvres qui ne contiennent qu’un seul volume (ou chapitre).

Une arrivée tonitruante sur le marché français à partir des années 90

Les mangas trouvent leur origine dans la peinture narrative, et plus particulièrement les emaki, des récits écrits mélangeant textes et dessins inspirés des rouleaux narratifs chinois. Dans les années 1860, lorsque le Japon s’ouvre au commerce extérieur, le pays entier tombe sous l’influence occidentale et la presse japonaise se calque sur son équivalent anglo-saxon, notamment pour ce qui est des caricatures. Plusieurs caricaturistes occidentaux, en enseignant le dessin à leurs compatriotes japonais, auront une grande influence sur l’avenir de la bande-dessinée japonaise. Après la Seconde Guerre mondiale, sous l’influence des comic strips et des dessins animés américains, le manga moderne fait son apparition, avec un dessin tout en mouvement et de nombreuses onomatopées, suivi de près par l’anime.

Ce n’est que dans les années 1990 que le manga fait véritablement son entrée sur le marché français. Auparavant, les quelques tentatives lancées pendant les années 1970 et 1980 ne rencontrent aucun succès. Bien que l’apparition de ce nouveau style de BD et de ses adaptations cinématographiques suscite quelques critiques, le manga connaît un véritable essor dans les années 2000, et la France reste aujourd’hui, avec le Japon, le pays le plus consommateur de mangas au monde.

L’agence Babel Gomme peut intervenir sur la traduction des mangas du japonais vers le français, ainsi que sur le lettrage français des mangas (nettoyage des onomatopées, retouche des images).